|
Originaire de Loudéac et issu de la noblesse bretonne, Eon, petit moine à
peine lettré, fut envoyé par le seigneur de Gaël au couvent du Moinet, près de
la chapelle Saint-Mathurin sur le site de Barenton, pour éradiquer sans doute
les pratiques païennes, druidiques, qui s'opéraient encore dans ce coin reculé
de la forêt au XII esiècle.
Peut-être vexé par une mutation dans un lieu aussi perdu, admirant
sûrement les premiers chrétiens celtiques (aux moeurs plus justes et moins
relâchées que l'Eglise romaine), et vivant dans une époque de famine, Eon,
révolté et mystique, se mit à partir de 1145 à piller monastères, châteaux et
confortables demeures du clergé.
Se proclamant fils de Dieu et Grand Juge des vivants et des morts à la tête
de "brigands" exclus de la société, il fit des adeptes jusqu'en Gascogne,
redistribuant une partie des richesses et de la nourriture aux pauvres.
Voyant d'un mauvais oeil cet "apôtre du communisme médiéval breton", l'évêque
de Saint-Malo fit arrêter Eon, et le traduisit en concile à Epernay devant le
pape Eugène III, en 1148. Jugé plus fou qu' hérétique, il échappa ainsi au
bûcher mais pas au cachot, où il mourut peu de temps après à Saint-Denis.
| |
|
Un soir qu'Owein, chevalier d'Arthur, devisait avec Kynon, celui-ci lui
raconta que s'étant rendu à la fontaine afin de vérifier les prodiges qui lui
avaient été contés, il en arrosa la dalle. Aussitôt un immense coup de tonnerre
éclata accompagné d'une averse de grêle. Puis un chevalier noir l'attaqua, et
emmena son cheval. |
Owein décida aussitôt de découvrir cet endroit. Il chevaucha jurqu'à une
clairière où un géant noir, entouré d'animaux, lui indiqua la route. Il arriva à
un arbre vert et vit la fontaine et la dalle |
Il versa de l'eau sur la dalle et le terrible orage éclata, plus violant
encore que ce que Kynon avait décrit, puis le soleil brilla et les oiseaux
chantèrent. Alors qu'il prenait plaisir a écouter ces chants, il entendit des
gémissements et vit le chevalier noir. Ils se chargèrent furieusement et
brisèrent leurs deux lances, ils tirèrent leurs épée et Owein blessa
mortellement le chevalier. |
Celui-ci s'enfuit et Owein le poursuivit jusqu'à l'entrée d'un chateau où
Owein tenta de pénétrer derrière lui, mais les gens du chateau laissèrent tomber
la herse sur lui. Puis ils fermèrent la porte intérieure, le prenant au piège
entre la herse et la porte. Il apperçut alors une ravissante demoiselle aux
cheveux blond qui s'émut de son sort. Elle lui remit un anneau qui avait la
propriété de rendre invisible à volonté. Quand les hommes d'arme vinrent le
chercher, ils ne le virent pas courir pour retrouver la jeune
fille. |
C'est alors qu'ils entendirent de grands cris, Lunet lui raconta qu'on
venait de donner l'extrème onction au maître du chateau, son corps fut porté en
terre le lendemain et se mettant à la fenêtre, Owein vit la foule suivre le
cercueil, et dans cette foule une très jolie jeune femme en habits de deuil
jaunes. |
Lunet lui expliqua qu'elle était la plus belle, la plus généreuse, la
plus noble et la plus sage des femmes, et qu'elle était l'épouse du chevalier,
la Dame de la Fontaine. Owein tomba immédiatement amoureux
d'elle. |
Lunet tenta alors de raisonner la Dame inconsolable en lui expliquant que
pour garder la fontaine, il lui fallait un époux, vaillant chevalier pour la
défendre. Elle lui proposa donc de se rendre pour elle à la cour d'Arthur. Elle
se contenta de rester enfermée dans sa chambre, puis retourna vers la Dame et
lui présenta Owein. Mais la Dame ne fut pas dupe, elle compris qu'Owein n'avait
pas fait ce long voyage, qu'il était caché au chateau et qu'il était celui qui
avait tué son époux. |
Elle épousa tout de même Owein qui, depuis lors, garda la fontaine avec
la lance et l'épée. Tout chevalier qui y venait, il le renversait.
|
Extrait de La mythologie Celtique de Yann
Brékilien |